Jour 1
Voilà,
Tu commences, enfin tu re rererererere commence!
Encore un de ces jours ou la sensation de ton corps de dégoute. Ce ventre qui déborde, cet essouflement qui t'épuise, ces douleurs articulaires liées d'âge et de surpoids. Tu te dis aujourd'hui, j'arrête mes conneries, j'arrête de baffrer, je mange sainement, je bouge.
Mais aussi encore un de ces jours ou tu ne peux pas aller à la salle de sport, ta fille est malade, et tu en a quatres des enfants, alors il faut surfer mais il faut le faire.
La période n'est pas idéale, des ondes de choc tous les mardis t'obligent à te reposer donc aucune activité debout, ça limite au rameur, au pédalo et au vélo. Et oui, ton coccyx te rappelle cette chute, cette fracture, et à la fin de la courte séance de sport ennuyeuse tu auras du mal à marcher et tu te sentiras frustré de ne pas avoir pris plaisir, d'avoir la sensation de ne pas en faire assez.
Et tu dois aussi finir la peinture, sauf que dés que tu t'y mets, tu reçois un appel, de ton lycéen qui fini à 11h30, de ta copine qui sait qu'il faut avancer sur l'association de parents d'élèves que tu as accepté de faire perdurer en sachant que tu serais déçue du manque d'engagement des parents qui aiment tant tout avoir sans rien faire.
Ton homme se lève dans 30 minutes, il sera surement encore fermé et peu souriant. Il passera 2 minutes à caresser la chienne et une seconde à t'embrasser. Il pestera sur les enfants, parce qu'il est soucieux pour son père et énervé par le reste de sa famille.
Et tu appelleras ta mère, par habitude, et tu l'entendras essayer de finir tes phrases mais comme elle n'a jamais pris le temps de savoir qui tu es, tu devras reprendre chacune de ses phrases pour y aposer les tiennes. Et tu l'entendras se plaindre de tout.
Ensuite commencera le taxi du matin, tu déposes les enfants des autres aujourd'hui, c'est normal, ces autres t'aident avec les tiens et leur permet de ne pas passer trop de temps dans les transports, ensuite tu iras à la kiné, et tu iras chercher ton drive, on sera en fin de matinée et comme tu t'es levée tôt, tu auras faim. Et déjà la première envie de manger autre chose, du sucré, du salé, du gras! Et tu tiendras, quelques minutes, quelques heures. Soit ta fille est allée à l'école, et tu vas la chercher, tu manges vite fait et la ramène, rentre peindre, soit elle n'y est pas allée et tu manges tranquille, peint un peu, et l'emmène chez le doc.
Il sera 16 h et tu serviras les gaufres liégeoise que tu leurs a préparer, et tu auras envie de les manger. Mais non, c'est pour les enfants. Les grands arrivent, on fait les devoirs, on écoute leur journée, ils se plaignent, se disputent, tu t'accroches mais tu as tellement envie de manger.
Tu fais le repas du soir, ils se plaignent, ne tiennent pas le tableau des coorvées, tu pestes tu t'énerves, et tu as tellement envie de ce bout de pain avec du fromage. Le lycéen arrive, le père arrive. Il veut aider mais s'y prend tellement mal.
Il est agressif, grossier, il veut aider et si tu le reprends il se sent rabaisser alors tu encaisses un temps jusqu'à ce que ce soit trop dur. Le moment de la détente arrive, il est 19h45. Tu t'asseois, et tes enfants, ils sont adorables, ils veulent des calins, mais toi t'as juste envie de solitude!
Mais t'es maman AU FOYER, donc dans le foyer tu leur donnes leur calin, l'un s'en va se coucher, l'autre vient pour son calin. Il est 21h15, ton homme grignote, et tu dois encore résister.
Si tu y arrives, il est 21h50 et tu es épuisée de ta journée et tu t'endors, même pas satisfaite d'avoir tenu.
Tu es le ciment de ta maison, mais tu ne te sens que ça. Tu aimes t'occuper de tes enfants, de ton foyer, et tu ne vois pas ta vie autrement, et tu ne t'accorde pas le droit de te plaindre, sauf ici pour cette fois. Et ce manque de plaisir et d'accomplissement personnel, ce manque de reconnaissance, cette solicitation permanente, cette fatigue dont tu ne peux te plaindre parce que tu ne travailles pas, ce rôle épuisant et sans repos que tu as choisis et dont tu ne veux pas te passer...te pousse chaque jour vers une recherche de plaisir que tu ne trouves qu'à travers la nourriture.
Alors aujourd'hui, tu essais, encore, sauf que si tu essais, ton seul frein, toi même, te feras manger!
Donc aujourd'hui, tu réussis.
Oui, tu te l'es déjà dit, mais aujourd'hui tu le fais!
Tu n'oublis pas tes douleurs, mais tu les exprimes, ici, parce que tu sais que tes enfants s'inquiéteront et ton homme s'en moquera. Tes douleurs physiques, ce mal de tête matinal, ce coccyx qui n'aiment pas les exercices assis, cette tendinite agitée par les ondes de choc, ce sang qui ne passe pas, ces dents qui appelent le dentiste, cette colère envers ton beau frère égoiste qui taxe ton beau père trop agé, ta mère qui se plaint tous les jours mais qui ne change rien....STOP! Que viens tu d'écrire : Ta mère qui se plaint tous les jours mais qui ne change rien! Rappelle toi ce week end, rappelle toi ce ventre qui t'a dégouté, et garde cette image bien en tête quand tu ouvriras un placard, parce que ça...C'est ce vers quoi tu te diriges, tu te transformes en elle, en cette mère qui sera l'objet d'un prochain texte parce que les enfants ne vont plus tarder et que cet espace il sera à toi et rien qu'à toi!
Tu ne veux pas être elle? ALORS BOUGE TOI LE CUL!